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3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 17:07

Parfois, hier nous manque. Nous avons oublié. On nous a fait oublier. Nous avons peine à nous construire sur ce manque.

Il est vrai que l'excès d'hier aussi est dangereux. A trop se retourner vers les ombres passées, on se fige, on se transforme soi-même, peut-être en statue de sel.

 Il arrive, au demeurant, que le manque d'hier, génère, par réaction un excès d'hier. Le manque produit parfois les délires, les mythologies. On s'invente un passé d'autant plus fort que n'existe plus rien de ce qui fut.

 

Quand nous avons pensé à organiser une séance sur le "manque d'hier", notre projet était vague. Nous pensions au monde contemporain, dans lequel des forces tendent à priver les individus de leur passé, qu'il s'agisse de leurs enfance, de leurs origines, des traditions de leur campagne, de leurs entreprises, de leur familles... La modernité, en projetant les individis vers l'immédiat présent, et vers l'avenir , peint au couleurs de roses ou aux couleurs d'enfer, arrache au passé. Aussi voit-on, partout, se multiplier les travaux, et parfois les délires, nostalgiques.

 

Le thème, et les questions qu'ils brassent, sont très vastes. Nous avons choisi de nous concentrer sur une question, et, sans doute, sur une pratique.

 

Cette question, c'est l'exil. Les exilés, en effet, nous paraissent particulièrement confrontés au manque d'hier, projeté qu'ils sont dans un présent qui ignore culturellement leur passé. A Toulouse, les exilés espagnols sont particulièrement nombeux. Ce qu'on appelle souvent la Retirada a amené dans notre région de nombreux individus arrachés à leur vie première, douloureux, nostalgiques, ardents, qui ont dû vivre pendant des années entre deuil et espérance.

La poésie, fille de Mémoire, selon la mythologie grecque, est une des manières de mettre en actes, et de penser ce manque d'hier. Tout poète est un exilé. Tout exilé est, peut-être, un poète.

 

Le poète Serge Pey, nous a paru une figure particuilièremnt remarquable de l'expérience du manque d'hier, qui génère aussi de puissantes célébrations de cet hier.

 

Nous lui avons demandé de témoigner de son expérience, et de son travail.

 

D'autres témoins, d'autres exils, seront présents.

 

Nous espérons ensemble, en poésie, creuser ce manque pour mieux vivre ensemble  notre humanité

 

 

Mercredi 6 avril à 20 h au Vieux Temple, rue Pargaminières à Toulouse, entrée gratuite.     

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